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Présentation du dossier autour d'un livre: Histoire sociale des idées au Québec (1760-1896) de Yvan Lamonde

Un texte de Stéphane Kelly
Dossier : Autour d'un livre: Histoire sociale des idées au Québec (1760-1896) de Yvan Lamonde
Thèmes : Histoire, Québec, Société
Numéro : vol. 4 no. 1 Automne 2001 - Hiver 2002

Yvan Lamonde

Histoire sociale des idées au Québec (1760-1896)

Montréal, Fides, 2000

 


Dans un texte célèbre, La Fin des idéologies en Occident, le sociologue Daniel Bell montrait comment les idées sont puissantes. Aucune autre force, écrivait-il, ne peut les surpasser dans la compréhension des événements de l'histoire. À l'évidence, cet argument fut rejeté dans les décennies suivantes, l'idéalisme étant battu en brèche comme jamais auparavant. Cela est particulièrement vrai de l'histoire, où le champ des idées devint le parent pauvre de la discipline. L'histoire intellectuelle fut quasiment mise à l'index, comme la littérature libertine à une certaine époque.

La publication d'Histoire sociale des idées au Québec (1760-1896) est un petit événement significatif dans notre république des lettres. L'ambitieuse synthèse d'Yvan Lamonde marque une courageuse volonté de saisir l'unité de l'expérience historique québécoise, du point de vue de sa vie intellectuelle. Cette forme du discours historique, la synthèse, est rarement pratiquée au Québec. Elle recèle pourtant l'avantage de stimuler des débats de fonds sur les grandes lignes de force de l'histoire des sociétés. Pensons à la grande synthèse de Fernand Ouellet, Histoire économique et sociale du Québec, qui marqua toute une génération d'historiens.

L'essai du professeur Lamonde se campe à mi-chemin entre l'histoire intellectuelle et l'histoire politique. D'où cette expression, surprenante mais heureuse, d'une histoire des « idées civiques ». Il s'agit, on l'aura compris, d'un tentative de compromis. Afin de jeter de la lumière sur ce livre, la revue Argument a sollicité les vues de quatre auteurs aux profils variés. Deux mots caractérisent leur verdict : admiration et réserves. Les auteurs sont éblouis par l'érudition déployée et l'effort mobilisé. Mais ils demeurent sur la réserve face à des interprétations, des démonstrations, voire des omissions. La qualité étant dans le détail, nous avons demandé à chacun de placer sa loupe sur un aspect plus précis de l'œuvre : Éric Bédard s'attarde à la posture épistémologique, Louis-Georges Harvey à l'interprétation du libéralisme, Christine Hudon au rôle du clergé, Sylvie Lacombe au lien avec l'Angleterre.

En un sens, cette synthèse traduit un conflit inhérent aux présents débats de la vie intellectuelle québécoise. En effet, elle tente de jeter un pont entre deux territoires étrangers : d'une part, l'histoire sociale, dominante jadis; d'autre part, l'histoire des idées, qui bénéficie depuis peu d'un regain d'intérêt. C'est dans ce même esprit, celui du dialogue et de la confrontation, que la revue a volontairement consulté des artisans de la nouvelle sensibilité historique.



Stéphane Kelly





 


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