La prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise.
Hans Jonas, Le principe responsabilité
On nous a traités de « semeurs de panique ». C’est bien ce que nous cherchons à être. C’est un honneur de porter ce titre. La tâche morale la plus importante aujourd’hui consiste à faire comprendre aux hommes qu’ils doivent s’inquiéter et qu’ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime. Mettre en garde contre la panique que nous semons est criminel. La plupart des gens ne sont pas en mesure de faire naître d’eux-mêmes cette peur qu’il est nécessaire d’avoir aujourd’hui. Nous devons par conséquent les aider.
Günther Anders, Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse?
AVRIL 1986
En 1986, je séjournais à Berlin. Vers la fin avril, je me suis demandé si je ne vivais pas, éveillé, un film de science-fiction : la catastrophe de Tchernobyl venait de se produire. Non, je ne rêvais pas. Chaque jour, je côtoyais des regards inquiets. Je lisais dans les journaux que je devais éviter de boire du lait frais, de manger des champignons, des salades et autres produits contenant tel ou tel taux de becquerel. On nous conseillait fortement de laisser nos chaussures et manteaux à l’extérieur de nos appartements et de ne pas laisser les enfants jouer dans les carrés de sable. J’ai vécu concrètement la psychose du nucléaire, une ambiance de fin du monde qui ne provenait pas de l’imagination délirante d’intellectuels désabusés ou de professeurs de désespoir. L’écrivain et essayiste Günther Anders nous avait prévenus : depuis Hiroshima, l’humanité a accédé à l’époque des fins du monde. Depuis Hiroshima, l’être humain a développé une telle capacité de destruction qu’il a, pour ainsi dire, acquis sa majorité en matière d’apocalypse; il n’est plus nécessaire qu’elle nous tombe dessus à l’improviste, comme un tsunami ou un météorite. Nous l’avons prise en charge, elle est devenue notre affaire.
Après la crise de Cuba et depuis la fin de la guerre froide, on aurait pu croire que le nucléaire ne représentait plus aucun danger, mais rien n’est moins sûr. Plusieurs États possèdent des armes nucléaires prêtes à servir; quelques dizaines de ces bombes suffiraient à provoquer un hiver nucléaire aux conséquences innommables. Le conflit indo-pakistanais nous a donné quelques sueurs froides, il nous en donnera peut-être d’autres, tout comme le projet américain de bouclier antimissile. Les centrales fonctionnant au nucléaire ne sont pas entièrement sûres et les déchets produits constituent toujours un casse-tête embêtant. Que penser aussi de la centaine de sous-marins nucléaires russes, abandonnés en mer de Barents et dans le Pacifique? Croissance économique oblige, on produit toujours de ces déchets dont la durée de vie meurtrière peut atteindre des milliers d’années. La possibilité que des armes nucléaires tombent dans les mains de terroristes n’est pas non plus qu’une lubie d’auteurs en mal de succès; l’Agence internationale de l’énergie atomique signalait déjà, dans son rapport annuel de l’an 2000, que « quatre vols ont été signalés, dont le plus important portait sur 920 grammes d’uranium hautement enrichi[1]. »
Dix-huit ans après Tchernobyl, le nucléaire est pourtant loin d’occuper une place de choix dans le palmarès des inquiétudes d’aujourd’hui. Avons-nous vraiment appris depuis cet événement ou attendons-nous, résignés, dépressifs ou carrément indifférents la prochaine catastrophe? Le nucléaire n’est qu’un exemple parmi d’autres des catastrophes qui nous pendent au bout du nez. Que faire pour que nous ne les perdions pas de vue, sinon cultiver une certaine forme de pensée alerte, consciente des dangers possibles qui nous guettent tous? En un mot, il s’agirait de cultiver une certaine pensée catastrophiste, un catastrophisme éclairé, pour reprendre une expression que j’emprunte assez librement à Jean-Pierre Dupuy[2].
D’abord une remarque : j’écris ceci après avoir pris connaissance, un peu tard je m’en excuse, du numéro d’automne-hiver 2001 de la revue Argument consacré aux nouveaux pessimistes. Ce numéro fut préparé, de toute évidence, avant le 11 septembre 2001. Ce n’est pas un détail sans importance. Le ton était délibérément critique et fustigeait le catastrophisme en tant que « mal parisien », « ivresse du pessimisme », attitude du « moi, je le sais, vous pas ». Je crois pourtant que la question d’un certain catastrophisme mérite plus que jamais d’être posée. La critique des discours pompeux et fabriqués demeure nécessaire et Argument a bien joué son rôle en contribuant à cette critique. Toutefois, le dossier m’a laissé quelque peu insatisfait, même si un Alain Finkielkraut vint tempérer ces propos et, à l’instar d’un Hans Jonas, se demandait si la peur ne peut pas avoir quelque valeur heuristique. Là-dessus, je lui donne entièrement raison. Mais de quelle sorte de catastrophisme parlons-nous?
Le catastrophisme tel que je l’entends doit prendre ses distances face à un catastrophisme complaisant. Il doit inspirer des moyens d’action concrète contre les multiples forces de destruction à l’œuvre dans le monde. Entre un catastrophisme complaisant (une pose esthétique nombriliste) et le culte de l’indifférence (une pose nihiliste[3]), une troisième voie doit prendre appui sur les faits présents, les données assez bien documentées pour qu’on y prête la plus grande attention. Pour cette raison, il se veut éclairé. Cette troisième voie doit considérer l’avenir recelant des catastrophes potentielles, comme étant à peu près certain, même en l’absence de certitude absolue. Le catastrophisme éclairé dit à peu près ceci : je ne sais pas exactement ce qui se passera, mais j’ai de bonnes raisons de croire que le pire pourrait arriver si rien n’est fait, c’est donc dès maintenant qu’il faut corriger le tir.
J’ai l’habitude d’enseigner à mes étudiants que l’appel à l’ignorance constitue un sophisme. Je leur dis qu’à partir de notre ignorance de quelque chose on ne peut rien conclure de certain. Je leur sers alors un exemple du genre : si l’on n’a pas encore démontré l’inexistence des extraterrestres, il y a donc de fortes chances qu’ils existent, pour leur montrer l’absurdité d’un tel raisonnement. Dorénavant, je leur signalerai que l’appel à l’ignorance exige quelques nuances. En effet, nous ignorons hors de tout doute possible si notre mode de vie actuel nous mène tout droit vers notre anéantissement, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille ignorer cette ignorance. Cet appel à l’ignorance n’est pas un pur sophisme, les enjeux sont trop importants : ils engagent notre avenir. De bonnes probabilités que des catastrophes ne se produisent pas ne devraient aucunement encourager des mesures potentiellement dangereuses pour l’humanité. Le principe de précaution, tel que formulé par l’onu en 1994, va dans le même sens : « Quand il y a risque de perturbations graves ou irréversibles, l’absence de certitudes scientifiques absolues ne doit pas servir de prétexte pour différer l’adoption de mesures. » Le catastrophisme radicalise ce principe en faisant la critique d’une approche par les probabilités ou coûts/avantages.
Quand le posé Hubert Reeves (un représentant du catastrophisme qui s’ignore?), dans une conférence prononcée au Musée de la civilisation de Québec en octobre 2003, laissa entendre que la disparition de l’humanité est envisageable dans les décennies à venir, il ne disjonctait pas. Pourtant, il n’a pas prétendu savoir ce qu’il ne savait pas. Il a seulement dit que la catastrophe était possible, tout comme étaient « seulement » possibles, ajouterais-je, Hiroshima et Nagasaki avant le mois d’août 1945, Tchernobyl avant 1986 ou le 11 septembre 2001 avant qu’il ne se produise. Dans son livre Mal de terre, Reeves nous rappelle que réchauffement de la planète, changements climatiques, rétrécissement de la couche d’ozone, pluies acides, fonte des glaciers, déforestation, extinction ou disparition graduelle de plusieurs espèces animales, raréfaction de l’eau potable, désertification, mauvaise qualité de l’air, disparition des stocks de poissons, déversement de pétrole et de produits toxiques dans les océans, maladies agroalimentaires, surpopulation, etc., sont des catastrophes qui ont bel et bien eu lieu ou sont en voie de l’être.
Ces catastrophes ne sont pas que naturelles. Personne de sensé ne contredirait que notre mode de vie y est pour quelque chose. Le capitalisme actuel produit de réelles catastrophes. Les grandes multinationales sont égoïstes, antisociales, amorales et savent très bien comment exploiter les autres. Elles se bouffent les unes les autres et n’hésitent pas à trafiquer leurs bilans comptables pour attirer des capitaux. Bref, comme l’a montré Joel Bakan dans La corporation[4], elles se conduisent en véritables psychopathes. C’est à elles, pourtant, que l’on confie les rênes de notre monde actuel. Le capitalisme a beau triompher et créer de la richesse, il produit encore trop de pauvres et de laissés pour compte : chaque année, des millions de gens continuent de mourir de famine ou d’insuffisance alimentaire. L’appareil idéologique à son service, qui s’est emparé de la culture de masse (cinéma, musique, modes, fast food, camelote…), relaie partout sa vision unique, une vision consommatoire de la vie. D’après les calculs de l’empreinte écologique, si l’on étendait le mode de vie des riches à la planète entière, nous aurions besoin de l’équivalent de quatre planètes Terre. Est-ce cela qu’on se souhaite comme fin de l’Histoire?
Une pensée catastrophiste ne saurait être réduite aux fantasmes d’une clique qui, à défaut de s’intéresser à la vie, surfe sur une mode apocalyptique. Certains voient partout des « morts », des « déclins », des « chutes », des « fins » qu’ils s’amusent ensuite à décliner à toutes les sauces : la civilisation, l’homme, la morale, la famille, la politique, l’autorité ou l’histoire. La complaisance de certains de ces discours ne doit pas nous faire perdre de vue les catastrophes réelles. On ne peut pas taxer d’arrogants des alarmistes réalistes sous prétexte qu’ils prétendent savoir ce qu’ils ne savent pas. Il est vrai qu’ils marchent sur une corde raide. L’aporie à laquelle est confrontée leur pensée, comme le précise Jean-Pierre Dupuy, est la suivante : « s’il faut prévenir la catastrophe, on a besoin de croire en sa possibilité avant qu’elle ne se produise. Si, inversement, on réussit à la prévenir, sa non-réalisation la maintient dans le domaine de l’impossible, et les efforts de prévention en apparaissent rétrospectivement inutiles[5]. » Faut-il alors qu’ils se taisent? Bien sûr que non. Un catastrophiste éclairé est évidemment le premier heureux que les désastres prophétisés ne se réalisent pas. D’une certaine façon, il souhaite avoir tort. Il doit vivre dans cette inconfortable position paradoxale : s’il a raison, on risque de lui donner tort de ne pas s’être suffisamment exprimé haut et fort; et s’il a tort, il sera l’objet de raillerie. Pourtant, « la prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise; et se gausser ultérieurement d’éventuels sonneurs d’alarmes en leur rappelant que le pire ne s’est pas réalisé serait le comble de l’injustice : il se peut que leur impair soit leur mérite[6]. »
JUILLET 2004
Dans la paisible ville de Québec, où la nature n’est jamais très loin, il y a une alerte de smog. Le taux de mortalité est sans doute en hausse, mais il disparaîtra sous une montagne de statistiques. Des gens laissent tourner le moteur de leurs automobiles pendant qu’ils font leurs emplettes dans les magasins grande surface. Quelqu’un jette sa bouteille de plastique multinationale dans le parc. Tchernobyl rayonne toujours et d’autres processus de destruction sont à l’œuvre chaque jour. J’ai maintenant des enfants que j’enduis chaque jour de crème solaire pour leur éviter les effets nocifs des rayons ultraviolets. L’avenir de l’humanité est devenu un concept moins abstrait.
Le pouvoir de changer les choses semble hors de portée devant l’alliance entre les dirigeants politiques et les milieux financiers, devant le complexe militaro-industriel, le cynisme politique, la faiblesse de l’onu, le gouvernement américain qui refuse de signer l’accord de Kyoto et qui exerce une politique étrangère agressive, la marchandisation et la privatisation, les paradis fiscaux, les centaines de millions de personnes vivant dans l’indigence, sans oublier notre « ignorance volontaire[7] ». L’anarcho-néolibéralisme, soutenu par son industrie du divertissement, envoie le message que tout est permis pour arriver à ses fins. Après tout, semble-t-on se dire inconsciemment, la catastrophe étant imminente, c’est le temps d’en profiter une dernière fois, non? Il n’y a plus que le maintenant, il n’y a plus d’avenir. Tout cela laisse des traces sur les consciences : « Devenu incontrôlable, le cours destructeur du monde engendre le désespoir et à son tour le désespoir entretient les forces de destruction à l’œuvre dans chaque individu[8]. » La fin du monde serait-elle notre unique salut?
Évidemment, non. Nous sommes condamnés à l’espoir. La culture de l’indifférence et du cynisme n’est d’aucune utilité pour les vivants. On ne peut se contenter d’être des catastrophistes prostrés et regarder le bateau couler sans même tenter d’écoper l’eau. Les craintes et les inquiétudes ne font pas que paralyser. Se sensibiliser aux catastrophes potentielles nourrit l’action. L’alarme sonne depuis des décennies et j’ose croire que le vent tourne. En fait, je vois même deux types de tournant se dessiner.
Le premier tournant est d’ordre politique au sens large. La pensée critique a toujours été présente dans les sociétés démocratiques, mais de nombreux signes m’incitent à croire qu’on assiste à un renouveau. La manipulation de l’opinion publique, la « fabrication du consentement » a tout de même ses limites. L’information circule sur Internet. Des citoyens sont actifs au sein de regroupements de quartiers ou de différents organismes nationaux ou internationaux. Beaucoup optent pour l’équitable et l’agriculture biologique. Les questions fusent sur les ogm, la couche d’ozone, les fonds de placement, etc. Les écologistes et les altermondialistes se font entendre. La gauche tente de former un front commun. Les documentaires critiques attirent l’attention dans les clubs vidéo du coin. Dans certains cas, ils obtiennent même des effets concrets, comme dans le cas de L’erreur boréale de Richard Desjardins et de Robert Monderie et le rapport Coulombe qui en est découlé. Même Hollywood s’est mise de la partie avec The Day After Tomorrow, un mélodrame populaire avec pour toile de fond les changements climatiques drastiques. Même si elle n’a pas abandonné pour autant ses lieux communs de manipulation, elle a peut-être éveillé bien des consciences, ce qui n’est pas rien. Au Québec, le pouvoir citoyen a réussi à faire reculer le projet du Suroît qui aurait été extrêmement pollueur. Personne ne saurait crier victoire, mais beaucoup de signes incitent à l’encouragement. Les citoyens doivent continuer d’être vigilants et exercer une pression sur leurs gouvernements allant dans le sens de l’intérêt public et des générations à venir. Le gouvernement libéral québécois vient même d’adopter une politique de développement durable inspirée par la Commission mondiale de l’environnement dirigée par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. La preuve qu’il s’agira d’autre chose qu’un effet de mode et de plein de votes reste à faire.
Toutes ces mesures, et bien d’autres, trouvent leurs inspirations dans deux formes de conscience : l’espoir et, en même temps, les craintes des catastrophes à venir si on ne fait rien. Le catastrophisme joue le rôle de la pensée inquiète. Il voit que les obstacles à surmonter sont nombreux et que l’inégalité des forces en place est démesurée. À l’instar de Freud, nous pouvons y voir la lutte entre éros et thanatos, lutte dont l’issue est incertaine.
Le capitalisme est une remarquable machine à fabriquer de la richesse. Il ne faut toutefois pas laisser cette machine tout broyer sur son passage. Puisqu’on ne sortira pas de l’économie de marché, il faudra donc faire en sorte que tout ce qui contribue à la préservation du monde devienne « vendeur » et « compétitif ». Tout ce qui contribue à sa destruction doit être sévèrement contrôlé par des lois décidées démocratiquement. Par exemple, il est urgent de faire en sorte qu’apparaissent dans le coût réel des produits tout ce qu’on appelle les « externalités », ces dommages « collatéraux » qui sont sournoisement refilés à la communauté et à la nature au nom de la sacro-sainte concurrence. Il faut rendre un tribut à la communauté présente et à venir pour tous les dommages environnementaux qu’on lui fait subir. Il faut sortir de cette absurdité de l’obsolescence des marchandises. Dans ce cercle vicieux de l’usure, de la consommation-consumation du monde, une absurdité doit cesser de régner : plus on jette, gaspille et ne récupère rien, mieux fonctionne l’économie.
Ce tournant politico-socio-économique, pour être viable à long terme, devra en même temps être soutenu par un tournant spirituel, un tournant dans l’Être, pour parler comme Heidegger. Ce dernier se laissait parfois inspirer par ces vers de Hölderlin : « Mais, là où il y a danger, là aussi/ Croît ce qui sauve ». Bien que son analyse de l’ère de la technique nous a montré jusqu’à quel point celle-ci échappe à notre contrôle (c’est essentiellement à travers elle que l’Être se donne, mieux, qu’il est oublié), Heidegger a aussi pensé une sorte de changement de paradigme dans le rapport que l’être humain pourrait entretenir avec l’Être en général; passer du voir à l’écoute; passer de l’ère de la technique, qui met l’étant en demeure de livrer sa puissance pour le service de l’homme, à l’ère du laisser-être (seinlassen). Bref, un peu moins de pensée exclusivement calculante et un peu plus de pensée méditante, de pensée de la correspondance. Faire usage sans user, consommer sans consumer. Remplacer la stratégie du gagnant-perdant, par le jeu du gagnant-gagnant; en sauvant l’autre, je me sauve aussi, puisque je préserve mon humanité. Motivée par cette inspiration transcendante, l’action immanente pourrait trouver un appui considérable.
L’expression de catastrophisme n’est pas très heureuse, j’en conviens. Mais elle a au moins le mérite d’être claire et de montrer d’emblée son programme : développer une conscience sensible à tout ce qui est porteur de catastrophes potentielles et les dénoncer comme réelles. Le catastrophisme rend peut-être inquiet, mais il rend aussi combatif et alerte. Il produit autre chose qu’une conscience malheureuse. Il est l’envers d’une médaille dont l’autre côté est l’espoir actif. Jamais la mort ne doit devenir la règle de nos vies.
René Bolduc*
NOTES
* René Bolduc est professeur de philosophie au Collège François-Xavier-Garneau à Québec.
1. Hubert Reeves, avec Frédéric Lenoir, Mal de terre, Paris, Seuil, coll. Science ouverte, 2003, p. 85.
2. Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé. Quand l’impossible est certain, Paris, Seuil, 2002. Je n’aborde pas ici sa discussion critique sur le principe de précaution tel que formulé par la loi Barnier, loi française sur la protection de l’environnement.
3. L’attitude no future a obtenu récemment ses lettres de « noblesse » sous la plume de Lawrence Olivier dans Contre l’espoir comme tâche politique (Montréal, Liber, 2004). D’après le professeur de science politique à l’uqàm, tous les grands idéaux se métamorphosent nécessairement en leurs contraires despotiques. Comme plus rien ne vaudrait alors la peine de rien, la solution consisterait à tuer l’espoir et à cultiver une bonne dose d’indifférence! La démonstration est loin d’être convaincante.
4. J. Bakan, La corporation. La soif pathologique de profit et de pouvoir, trad. M. Edéry, Montréal, Transcontinental, 2004.
5. J.-P. Dupuy, op. cit., p. 13.
6. Hans Jonas, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, cité par J.-P. Dupuy, op. cit., p. 171.
7. Paul Chamberland, Une politique de la douleur. Pour résister à notre anéantissement, Montréal, vlb éditeur, coll. Le soi et l’autre, 2003, p. 186.
8. Ibid., p. 168.