Jacques T. Godbout
Le don, la dette et l’identité,
Montréal, Boréal, 2000.
À l’heure du triomphe de l’économie marchande ou de la rationalité bureaucratique, du « tout à l’État » ou du « tout au marché », il semblait important de faire une place au dernier livre de Jacques T. Godbout sur le don.
Le don, est-ce une formule concrète pour sortir de la crise des valeurs contemporaines ? Ou est-ce le dernier avatar d’une doctrine sociale catholique à la recherche d’une énième troisième voie entre le capitalisme vicié et le communisme vicieux (la formule n’est pas de moi, mais du Père Lévesque) ? Est-ce la résurrection d’une des trois vertus théologales, la charité, dans une société désormais sécularisée ? Ou est-ce le masque d’une pensée mollement critique, dans la mesure où elle s’avoue incapable d’affronter le défi du politique ? Est-ce une formidable ouverture à ce qui n’est pas encore pensé, parce qu’en dehors du pensable et du palpable, et qu’il faudrait appeler la liberté humaine si le mot n’était pas aussi galvaudé ? Ou est-ce un mot-valise pour nommer des réalités qui en fait, désormais, lui échappent dans la société contemporaine?
En demandant à Jean Pichette, Sylvain Piron et Andrée Fortin de commenter et critiquer « Le Don, la dette et l’identité », Argument espérait faire lever un débat à la racine de ce qu’est le don. Le moins que l’on puisse dire c’est que le débat a eu lieu.
Jean-Philippe Warren