Absente de l’horizon des intellectuels au Québec, l’architecture l’est aussi dans le débat public et figure rarement parmi les priorités de nos dirigeants politiques. Or, à bien y regarder, le Québec paraît une nation encombrée par ses travaux et scandales immobiliers. « Quand la construction va, tout va » selon le dicton populaire. Elle marche certes rondement, à la faveur des investissements massifs que l’État du Québec, l’État fédéral canadien et nos municipalités sont en train de faire, en mobilisant la gente du bâtiment et de la voirie pour refaire précipitamment les infrastructures routières, dresser à Montréal deux méga-hôpitaux, étendre le parc immobilier de nos gourmandes universités, sans compter tous les projets de résidence, de banlieues clé en mains et de centres commerciaux californiens (le Dix30 de Brossard) que les promoteurs immobiliers continuent à faire pousser comme des champignons en rognant sur le territoire agricole ou en bouchant sans façons les moindres espaces disponibles de nos villes. Seulement, les multiples ratés et cafouillages qu’ont connus plusieurs grands chantiers publics au Québec au cours des dernières années (îlot Voyageur de l’UQAM, projet du CHUM, la valse hésitation de la salle de l’OSM) semblent révéler l’incapacité de l’État québécois à mener à bien des grands projets architecturaux et pire, à être le défenseur d’une architecture de qualité.